Les Contes de Sarajevo
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Une ville détruite, des habitants perdus et d'étranges individus que l'on jugerait sortis tout droit de contes de fées... Mais que se passe-t-il donc ?
 
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 Lelja

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Lejla




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Date d'inscription : 24/01/2009

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MessageSujet: Lelja   Lelja EmptyJeu 26 Fév - 0:23

{Un rêveur est celui qui ne trouve son chemin qu'au clair de lune
et qui comme punition, aperçoit l'aurore avant les autres hommes}

Oscar Wilde


1824



*Premiére nuit
Sarajevo, lors d'une nuit comme toutes les autres nuits. Dans un hôpital comme il y en a des dizaines d'autres ici : Miteux. Sale. Plus j'y repense, et plus je me dis : "Qu'est ce qui m'a pris de naitre ici?"
Je vois la lune, au loin. C'est ma premiére vision, la seule qui comptera vraiment. Tout d'un coup, des bras me prennent. Je pleure, faiblement. Où est ma mére? Est-ce que je suis seule? L'infirmière me regarde un moment, et me met dans les bras d'une toute jeune fille. 20 ans. Certaines filles de son age sont matures mais elle, elle n'était encore qu'une enfant. A peine assez grande pour s'occuper de moi. Mais elle me réclamait déjà , comme si je risquais de m'envoler au loin si elle ne me serrait pas tout de suite. Elle était toute pale, blanche. Si épuisée. Mais on voyait à ses yeux qu'elle était ravie. Elle rit, elle sourit... Elle n'est que bonne humeur, ou presque. Ses grands yeux pâles ne cessent de me regarder. A côté, le docteur me regardait avec tendresse. Ce n'est pas tout les jours qu'ils sauvaient des vies, alors deux d'un coup! Il est heureux, oui, sincèrement, heureux. Moi, je n'en avais cure. J'étais si fatiguée, si vidée... Je voulais m'endormir, ne plus entendre le son des voix à coté de moi. La vielle infirmière me regardait étrangement. Elle savait ce qui m'attendait. La pauvreté. La famine. La guerre, peut-être. Et non, tu n'as pas à t'en faire, je ne connaitrais pas ça. Ou du moins pas maintenant. La triste infirmière se dit que c'est un miracle que la jeune fille ai survécu. Elle la connait, elle sait combien elle est fragile. Elle a survécut à l'accouchement, c'est merveilleux. Mais elle ne croit plus aux miracles, après 20 ans de travail, à pleurer les absents et à plaindre les présents. Si elle survit encore quelques années, ce sera déjà bien. La petite, même pas la peine d'espérer. Elle est trop faible. Eh oui, l'infirmière connait son travail, et elle sait qu'une destinée peut se jouer aux premiers pleurs. Ceux-la, on devait ouvrir les oreilles pour les entendre. Mais pour la vie, il faut être forte...Tais-toi, oiseau de mauvaise augure, tais toi! Laisse moi être heureuse. Un peu, juste un petit peu...
"Mina. Oui, Mina! C'est comme ça que je vais t'appeler comme ça, ma chérie. Que tu es belle! Née un jour de lune... ça te portera chance. J'espère"


La campagne. C'est le printemps, c'est à peine l'aube. Des voyageurs admirent le soleil levant, avant de reprendre la route. Ils sont heureux, ils pensent être seul. C'est faux. Mais chut, ne les effrayons pas, avec ces histoires de bonne femme. Tout est calme... Aucun bruit... La ville est loin. Il n'y a que les champs devant. Le plus jeune sort une cigarette de sa poche.
Un craquement, celui d'une allumette.
... Croc! Un deuxième. Étonnés, les deux hommes se regardent, puis continuent à révasser. Ce n'est qu'un songe probablement... Ils ignorent tout du spectacle qu'ils vont avoir l'honneur d'admirer. Celui avec une cigarette à la main,l'approche de l'allumette.
Sur les champs de betterave, un flamme. Puis une autre. Une troisième, à l'ouest. Et bientot, c'est 20, 30 petites lumières parcourent l'étendue de terre. Qu'elles sont joyeuses! Ça crie, ça danse, ça grouille de bonheur. Ils chantent une comptine lugubre, qu'elles rendent douce et calme grâce à leurs danses. Car oui, elles dansent. Elles ne sont que grâce, elles ne sont que douceur. Comment les suspecter de méchanceté? Jaloux de leur bonheur, jaloux de leur liberté. Humains qui venaient ici, ne voulez vous joindre à cette joyeuse danse?
Mais pourtant, les deux curieux n'ont pas voulus y prendre part: Ils sont partis, effrayés. Pourquoi avoir peur? Pourquoi vous vouliez pas les rejoindre, danser vous aussi? Alala, les hommes et leurs superstitions... Ils sont tellement pressés qu'ils laissent tomber la cigarette et l'allumette... Et bientôt, la petite flamme se relève, maladroite. Elle, elle n'a pas peur, elle veut rejoindre le cortége. Elle court vers elles, et se joint à leur danse.
Quelle étrange manie vous avez, vous humains! Les noms... Pourquoi est-ce que c'est vos parents qui décident pour vous? Le mien s'est imposé de lui-même, il n'y a pas eu à en discuter. C'était Leljo.



*Seconde nuit
Une nouvelle journée, mais toujours la même routine. Il est 6 heures 15 et je m'éveille péniblement aux cotés de ma mère, dans la minuscule pièce que nous occupons toute l'année. Presque mécaniquement, elle allume la bougie, et me sors du lit, comme si j'étais un sac à patates trop lourd. Nouvelle journée, mais toujours les memes vétements (ou presque): Une robe de servante pour elle, avec un chignon pour paraître respectable. Une petite robe rouge rapiécée avec des collants noirs et un pull pour moi. Nous ne sommes pas riches, loin de là, et ma mére est donc obligée de créer mes vétements à partir de ses anciens habits. Elle soupire, elle aimerait tant me donner de beaux habits. Mais son petit salaire de bonne nous fait à peine vivoter. Deux pas, et la voilà dans la cuisine. Une nouvelle journée, toujours le meme repas : De la bouillie, assez costaude pour ne pas avoir faim. Elle me donne une tranche de pain aux céréales, et nous mangeons en silence.
A 7 heures 05, direction la maison de ma "tante". Une vieille amie de ma mére, qui elle, peut me garder la journée, puisqu'elle couds les habits des autres. Elle n'est pas méchante, mais pas gentille non plus, juste indifférente. Elle considére que j'ai bousillé la vie de ma mére en venant au monde. Et de toute façon, elle a bien assez à faire avec ses propres soucis pour s'occuper de ceux des autres... Mais j'exagère. Elle s'occupe de moi du mieux qu'elle peut, et parfois, j'ai droit à des marques d'affection. Ma journée la bas est ennuyeuse à mourir, car il n'y a rien à faire. Je me fais oublier, tout simplement. A 21 heures 30, ma mére vient me chercher. Ses cheveux blonds sont ternes, elle est fatiguée tout le temps. Mais elle trouve le courage de me soulever jusqu'à la maison. Aprés m'avoir coucher, elle va cuire de la soupe de choux pour elle. Le bougie s'éteint une demie heure plus tard.
Cette vie, j'étais persuadée qu'elle duerait toujours. Elle n'etait pourtant pas spécialement douce. Pas de don,pas d'amis... Je suis solitaire. Mais cela m'indiffèrait, je n'aimais personne. A part maman. Les gamins du quartier, les vieilles du marché, les vendeurs, les acheteurs... Tous me traitent d'insensible. Ce n'est pas par méchanceté! c'est juste parce que je ne fais attention à personne. Je suis dans la lune, tout le temps. Mes habits sont déchirés, à cause de ma maladresse. Mes cheveux sont noirs, trop noirs, et ma peau trop, trop blanche. Je n'attire pas spécialement la haine des gens, mais je ne suis pas de ceux qui les fais devenir doux comme du miel. Je suis juste... transparente.
Les gens ne connaisent pas mon pére, ils murmurent donc que c'est la lune. Pourquoi? J'en sais rien. Une vieille légende racontée par le conteur d'histoire prétend que les enfants de la lune ont des cheveux noirs, la peau blanche. Ils sont maladifs, toujours dans leur monde, maladroits avec les autres. C'est pour cela qu'ils m'ont appelé la petite loaret. Histoire stupide de quartier, prétendait ma mére. Les commères n'y croyaient meme pas elle meme. Mais moi, je sais la vérité : J'en suis une, assurément. Il n'y a pas d'autre possibilité.


Quel bonheur d'être feu follet! Je n'ai pas rien à raconter sur cette tranche de ma vie. Tout n'était que bonheur. Le matin, alors qu'il faisait encore nuit, je me réveille. Et je danse toute la journée, en compagnie de mes amis. Nous étions tous heureux, oui...

Tu n'a pas une vie très interessante. Tu ne racontes rien dessus.

Pfff... Crétine! Tu crois que c'est parce que toi, tu en met des couches qu'elle vaut plus que la mienne? Simplement, la mienne était sans chichi. Une vie de démon banal, mais qui me satisfaisait. Je faisais peur aux voyageurs, si tu voyais comment ils couraient dans la campagne! Les benêts. Ils ne comprennent rien.
Mais puisque tu le veut tellement, je vais t'en dire plus... J'étais déjà feu follet depuis 4 ans, et je ne m'en lassais pas. Courir, jouer... Le seul défaut que je pouvais trouver à mes compagnons, c'est qu'ils étaient trouillards : Ils n'avaient peur que d'une chose, c'est d'un conteur. Quelqu'un capable de les enclaver. Alors, ils me priaient doucement d'arrêter les enfantillages... Hélas, j'étais une créature du soleil. Né des hommes, je n'étais pas d'ascendance divine ou je ne sais quoi, j'étais... ordinaire. J'avais obtenu de mes créateurs l'orgeuil, et je voulais me distinguer des autres. Je voulais leur montrer que les humains ne pouvaient rien contre nous. J'aimais le soleil, tu comprends? Je n'étais pas une créature de l'ombre, comme eux -comme toi-. J'avais tout de meme un avantage sur eux : Je pouvais prendre la forme que je voulais. Mais privilége ô combien futile à mes yeux! Si ils ne m'admiraient pas à cause de ma naissance, alors à quoi bon ce pouvoir? Mais pourtant, ils m'enviaent ce pouvoir, meme s'ils le cachaient du mieux qu'ils pouvaient : Ils voulaient eux aussi se mélanger à eux, ne serait-ce que pour quelques heures, ne plus en avoir peur... Mais je suppose que tu ne connais pas la vie des feux follets, suis-je bête! Ils aiment sortir tout le temps... mais ils ont peur des humains. Alors, en cas de danger, meme minuscule, ils ne sortent que le soir. Vous vous représentez toujours les feux follets comme des démons sans foi ni loi, agressant tout et n'importe quoi. C'est faux. Certes, nous sommes... taquins. Comprends par la que nous aimons vous piéger, voir bruler un ou deux de ton espéce parfois. Mais nous avons plus peur de vous que vous de nous. Nous sommes terrorisés! Vous pouvez nous faire disparaître. C'est pourquoi, quand un conteur arrive, nous nous cachons du mieux que nous pouvons et nous ne sortons que la nuit. Aux heures sombres, l'imagination confond tout, et on peut prendre facilement quelque chose pour une autre. Nous ne risquons donc rien, les visiteurs pensent rêver!
Mais à cette époque, nous n'avions rien à craindre. Les conteurs étaient loin, des ombres. Nous pouvions danser autant que nous voulions... Si seulement les choses étaient restés ainsi.

{Fiche en cours ~ Et vui, encore x3}
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