Les Contes de Sarajevo
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Une ville détruite, des habitants perdus et d'étranges individus que l'on jugerait sortis tout droit de contes de fées... Mais que se passe-t-il donc ?
 
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 Le petit cannibale rouge

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Little Crooked

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MessageSujet: Le petit cannibale rouge   Le petit cannibale rouge EmptyVen 20 Mar - 19:42

Spoiler:

« Il était une fois une petite fille de Village, la plus jolie qu’on eût su voir ; sa mère en était folle, et sa mère-grand plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge, qui lui seyait si bien, que partout on l’appelait le Petit Chaperon rouge. »


Hey, stop. Cette histoire tout le monde la connaît, et si quelqu’un la connaît pas tant mieux pour lui parce que c’est juste un ramassis de bêtise. Ouais le fait que je me sois faites bouffer par le loup la mère-grand et moi, c’est n’importe quoi. C’est pas du tout comme ça que ça s’est passé, alors installe toi dans ton fauteuil et laisse le vrai, l’unique, le seul petit chaperon rouge te raconter son histoire. Mon histoire.

« Il était une fois une mère-grand très très très riche. Elle vivait dans un superbe palais et tout le monde l’enviait. Cette vieille femme avait un fils, pas très malin certes mais assez beau (si vous voulez mon avis, s’il était peut-être beau quand il était jeune on comprend que c’est juste un ancien souvenir en voyant : sa maigreur maladive, ses rides, ses cheveux gris, ses dents qui manquent) pour plaire à toutes les femmes à des kilomètres alentours. Il rencontra alors une jeune demoiselle dont il tomba immédiatement amoureux »

C’est là qu’il y a un hic. Ce fils –indigne- (c’est le doux surnom que lui donne mère-grand) avait le choix entre toute une panoplie de jeunes princesses toutes riches (pas autant que mère-grand j’en conviens, mais c’était impossible d’être aussi riche que cette vieille bonne femme). Et non il a fallu que monsieur fasse son capricieux et tombe amoureux d’une petite paysanne (l’histoire habituelle quoi, on lui offre la chance de se pavaner dans l’or, et le mec préfère la pauvreté et la grosse poitrine, parce qu’autant dire vrai ma mère était sacrément bien fournie de ce côté-là). Qu’est ce qui s’est passé après ça ? Laisse-moi te conter la suite :

« On aimerait pouvoir dire que leur mariage fut heureux, qu’ils vécurent dans le bonheur jusqu’à la fin des temps, mais la réalité fut en vérité tout autre. La mère-grand furieuse que son fils choisisse une pauvre petite paysanne (bien faites, certes, mais sans le sous) décida de le jeter hors de son château. Adieu belle argenterie, servants par millions, lits douillets, conforts et chauffage. Les deux jeunes mariés se retrouvèrent à la rue, devant habiter une toute minuscule bicoque dont le plancher craquait, les robinets fuyaient, les murs grinçaient, le reste puait. L’avantage c’était qu’on pouvait voir le ciel quand on levait les yeux grâce aux trous dans le toit, le désavantage c’était les jours de pluie. »


Blablabla. Bref le temps passe, pour se tenir chaud ils font des choses que je ne décrirai pas et voilà que neuf mois plus tard :

« Elle mit au monde la plus jolie de toute les petites filles »

Ca c’est que toute gentille maman croit. Bien sûr que j’étais la plus jolie pour elle, elle n’allait pas me trouver moche alors que je sortais de son bide, ça serait s’insulter soit même. Moi par contre je ne me suis jamais trouvé si jolie que ça. A 16 ans j’avais d’affreux cheveux gris. Pas noir, pas blond, et même pas bleu, parce que bleu j’aurais préféré au moins c’est original. Non gris cendre comme on m’avait trempé les cheveux dans la paillasse de Cendrillon. Ils s’amusaient à boucler façon caniche dès que je les laissais pousser, une véritable horreur. Du coup je les gardais juste mi-longs, et même comme ça ils restaient incoiffables. Si y avait que ça,et bien non, j’avais aussi des yeux énormes, deux gros globes blancs avec des pupilles minuscules, noir. On aurait pu en apprécier la couleur si on avait pu les apercevoir sans loupe. Mon nez était minuscule, ma bouche aussi, si bien qu’on ne voyait que mes affreux gros yeux. Sinon j’étais d’une maigreur maladive, normal quand on mange aussi peu. Ma poitrine a toujours été d’un ridicule également… En fait j’étais moche, de la pointe des pieds jusqu’à celle de mes cheveux.

« Si jolie, que mère-grand quand elle l’aperçu pour la première fois en tomba folle (en gros elle est venue une fois à la maison juste pour voir sa petite fille et m’a trouvé super jolie, alors elle a mit mon nom sur son testament), elle lui offrit donc un magnifique petit chaperon rouge, et tout le monde commença alors à l’appeler : Le petit chaperon rouge »

Merci mère-grand, comme si ma vie n’allait pas déjà être un enfer, voilà qu’en plus je me retrouvais affublé d’un horrible chaperon mal cousue (oui parce que les talents de la vieille pour la couture était assez mauvais, normal puisque d’habitude c’est ses serviteurs qui faisaient les travaux manuels… Et le reste aussi d’ailleurs) et d’un surnom pour le moins ridicule. Je ne vous raconte pas la misère que m’ont fait vivre mes sois disant camarades d’école.

« Le petit chaperon rouge grandit dans l’amour de son père, de sa mère et de sa mère-grand chez qui elle passait tous ses week-ends (faut pas être bête c’était chauffé, j’étais nourrie à volonté et en plus j’avais tout ce que je désirais) et ses vacances. Jusqu’à ses seize ans. Un samedi matin alors qu’elle allait comme chaque fois se rendre chez sa mère-grand, sa mère l’arrêta et lui tendis un panier : « Apporte donc cette galette et ce petit pot de beurre chez ta mère-grand » ».

Là vous voyez je me suis méfiée. Pourquoi ma mère voulait que j’emmène sa bouffe avariée à la vieille peau ? J’ai quand même dut la cuisiner une demi-heure avant qu’elle ne m’avoue qu’elle avait mis du poison dans la nourriture, apparemment mère-grand mettait trop longtemps à mourir et l’héritage était long à venir. Voilà ce qu’elle avait gagné à faire de moi sa seule héritière, mes parents cherchaient à la tuer. Je refusai donc immédiatement. Nooon pas de le tuer, suis un peu, bien sûr que je voulais tuer mère-grand, après c’est moi qu’allais toucher le pactole, non ce qui me dérangeais c’était la galette et le petit pot de beurre. Mère-grand était bien trop raffinée pour accepter cette nourriture.

« La jeune fille refusa donc le panier et partit à travers les bois, car pour arriver à la maison de sa mère-grand il fallait traverser une grande forêt sombre (la vieille aimait les endroits éloignés et perdu au milieu de nulle part), où disait-on vivait un loup ».

Un loup, tu parles, les gens croient vraiment n’importe quoi, j’ai traversé cette forêt une bonne centaine de fois et je n’ai jamais aperçu le moindre petit museau de loup.

« Passant dans un bois elle rencontra compère le Loup, qui eut bien envie de la manger »


Non je rigole, ça ne s’est pas passé comme ça.

« Passant dans le bois donc, elle rencontra un loup. Ou plutôt un homme habillé avec une peau de loup. Ce n’était autre que le père du petit chaperon rouge qui s’était déguisé »

Mon père… Cet homme ridicule. Il s’était déguisé en loup pour aller tuer mère-grand. Personne ne soupçonnerait un meurtre puisque c’était un loup affamé qui l’avait mangé. M’enfin pourquoi pas hein ?

« Le loup fit un pari avec le petit chaperon rouge, le premier qui arriverait à la maison de mère-grand. Il prit le chemin le plus court et couru à toute vitesse jusqu’au palais de sa mère. Pendant ce temps la jeune fille prit le chemin le plus long et cueillis des fleurs pour sa mère-grand ».

Il faut que je te dise la vérité, je ne cueillais pas vraiment des fleurs pour ma mère-grand. J’ai horreur des fleurs, et je n’aime ma mère-grand que pour l’argent, seulement je n’étais pas pressée d’arriver trop vite, si mon père allait vraiment tuer la vieille je préférais ne pas être là comme ça je ne serais pas accusée. Parce que son truc de loup j’y croyais vraiment pas. Donc je prenais mon temps, espérant arriver après l’arrestation du paternel.
Je dois dire que j’ai jamais aimé trop mes parents, ils étaient bêtes tous les deux, facile à manipuler et s’adorant d’un amour tellement nunuche que ça en devenait ridicule, cela ne m’aurait pas dérangé qu’on m’en débarrasse, plus de parents, plus de mère-grand, une petite orpheline riche : ça c’était un vrai conte.

« Le petit chaperon rouge arriva enfin au palais de mère-grand. Pas un bruit ne venait troubler le silence de la demeure. Elle frappa à la porte « mère-grand, c’est moi votre petite fille le chaperon rouge », on lui répondit « tire la bobinette et la chevillette cherra ». Ces échanges servaient de code entre elle et sa mère-grand habituellement, sauf que cette fois-ci c’était une grosse voix qui lui avait répondu. Le petit chaperon rouge méfiante rentra dans le palais et vit son père allongé dans le lit de la vieille ».

Ouais il avait prit sa place, et ses habits. Mon père habillé en robe de riches, c’était encore plus drôle que le loup.

« « Comme vous avez rajeunis mère-grand » « c’est pour mieux vous plaire », « et comme vous avez maigris » « je me suis mise au régime ». « mère-grand, comme vous sentez la chair fraiche » « c’est parce que je viens de manger ta mère-grand ma fille, en veux-tu un bout ?». Sur ces mots le père se leva et ouvrit le placard où était cachée la mère-grand, du moins ce qu’il en restait ».

Et voilà comment j’ai mangé ma mère-grand. Et c’est qu’elle était bonne la mamie, mon père et moi on a fait un délicieux festin. Puis on est rentré à la maison, en criant au loup. Je n’ai pas soupçonné mon père d’être cannibale, j’ai tout de suite compris qu’il s’était un peu trop pris au jeu du loup. Moi par contre la chair fraiche, j’avais adoré ça, et j’en revoulais.

« Le petit chaperon rouge hérita de toute la fortune de la mère-grand, et elle partit vivre avec ses deux parents dans le palais à l’autre bout de la forêt. »

Vous savez, le loup avait attaqué ce palais une fois, pourquoi pas deux ? Il me suffirait juste de crier au loup et tout le monde penserait à la bête. Et ben tu sais quoi? Ca a fonctionné, tout le monde a cru que le vilain méchant loup –inexistant- avait dévoré mes parents (au passage succulent).

« Les villageois furieux contre le loup firent une battue dans la forêt, bien décidés à se débarrasser une bonne fois pour toute de ce monstre. Ils cherchèrent durant une semaine complete sans trouver la bête. Ils ne la trouvèrent d’ailleurs jamais. Pourtant le loup était là, juste sous leurs yeux, une orpheline au chaperon rouge habitant dans un palais et dévorant parfois un ou deux villageois… »

Voilà, ça c’était mon histoire, la vraie. Moi je l’aurais écrite comme ça en tout cas. Hélas on m’a confiné dans un conte bien gentillet où je me faisais bouffer par le loup. Heureusement, j’ai réussi à en sortir, je ne sais pas bien comment, mais me voilà et je suis bien prête à changer le conte.
Cette fois-ci je l’appellerai : le petit cannibale rouge.
Bon appétit.
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Le petit cannibale rouge
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